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Banlieues : de plan « Marshall » en plans d’urgence, 40 ans d’errance….

3 mai 2018

Banlieues : de plan « Marshall » en plans d’urgence,  40 ans d’errance…..

La récente démission de Stéphane Gatignon, maire de Sevran (93), « usé par le mépris affiché par l’Etat envers les banlieues », ne pouvait pas mieux tomber, à la veille de la remise du plan Borloo au Président Macron. Comme si l’abandon coupable des quartiers déshérités de la République, à l’instar de nos territoires ruraux, n’était pas, depuis au moins quatre décennies, à l’origine de la plus criante fracture politique, économique et sociale de notre pays.

Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy (93) et appartenant à la même famille politique que Jean-Louis Borloo (UDI), n’avait-il pas, comme tant d’autres élus avant lui, « tiré la sonnette d’alarme », dans une tribune que lui avait consacré le journal « Le Monde », le 02 novembre 2006 : « Les gens sont excédés. Il va se passer des choses incontrôlables… La faiblesse de la République est de ne pas défendre les 65 000 habitants de Drancy face aux 80 ou 100 gamins qui posent problème. »

Comme pour enfoncer le clou, il avait cru bon d’ajouter qu’il en était réduit à faire office de « serpillière de la République, contraint de nettoyer les merdes que l’Etat ne gère plus. En réalité, ce n’est pas la banlieue qui a un problème, c’est la France qui a un problème… ».

Cette amertume, Bernard Bragard, ancien maire socialiste de Courcouronnes (91), auteur de « Maire à tout faire » et de « Nique ton maire », l’a également éprouvée, lui qui n’hésita pas à appeler à dénoncer ces « nouveaux barbares », de jeunes adolescents qu’il a vu grandir dans le quartier du Canal (7 500 habitants, 42 nationalités différentes), un quartier classé en « zone urbaine sensible » en 1996.

Pourtant, il n’y avait là aucune barre d’immeubles comme à la cité des Tarterêts, à Corbeil, ou à celle de La Grande Borne, à Grigny, mais, au contraire, un ensemble de pavillons et de petits immeubles, en bordure d’un canal. Il n’empêche : c’est bien là que trois jeunes filles y ont été violées, à quelques jours d’intervalle, par de  jeunes adolescents cagoulés et armés.

Bernard Bragard confessait déjà, à l’époque, « qu’il existait une délinquance non maîtrisée d’une vingtaine d’adolescents, tout au plus, déstructurés sur le plan social et culturel, qui n’ont plus peur de rien et qui n’hésitent pas à prendre les armes pour défendre leur quartier.

Dès l’âge de 13-14 ans, la plupart d’entre eux sont déjà bien connus de la police, pour des faits de racket, de braquage ou de hi-jacking. Ces adolescents sont dans  une logique d’impunité, faute d’avoir été sanctionnés dès leurs premiers débordements. » (Jérôme Cordelier-Le Point. 02 juillet 1999)

Ce problème ne serait rien si ces « nouveaux barbares » ou ces « sauvageons », comme les avait désignés Jean-Pierre Chevènement, n’étaient devenus grands et si le très lucratif commerce de stupéfiants ne s’était solidement ancré dans ces quartiers, grands oubliés de la République où l’Etat ne met plus les pieds que ponctuellement, à grands renforts de compagnies de CRS.

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque, finalement, les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie » disait déjà Platon, 400 ans avant Jésus Christ.

Comment s’étonner, dès lors, que des prêcheurs venus d’ailleurs, missionnaires improvisés d’un « cathéchisme islamique » radical aient saisi cette opportunité pour s’implanter dans ces quartiers et y introduire un ordre, une morale et une culture alternatifs dont Daesh nous a donné la plus édifiante illustration ?

C’est bien pourquoi,  de plan « Marshall » en plans d’urgence , le problème des banlieues n’est pas  près d’être réglé car aucun d’entre eux n’a de chance d’aboutir tant que la République et l’Etat n’auront pas réinvesti,  en force et durablement,  les quartiers livrés  à la loi des dealers et des caïds de « tous poils », à commencer par les barbus en quête d’un Etat islamique : il s’agit là d’une priorité absolue, avant toute autre espèce de considération.

Les politiques de la ville, à gauche comme à droite, ont surtout consisté, jusqu’à présent, à « acheter la paix sociale » en distribuant « à l’aveugle » et en pure perte des subventions à une multitude d’organismes et associations dignes d’un « catalogue à la Prévert », par pur clientélisme : ce sont ces politiques qui sont à l’origine de ce désastre consommé…

La paix sociale ne s’achète pas : elle se gagne au prix de réformes politiques et économiques ambitieuses qui tournent le dos aux chimères du passé, véhiculées par une Gauche post-soixante-huitarde, chienne de garde d’une pensée unique totalement déconnectée de la réalité.

A cet égard, si chacun peut se réjouir des réformes engagées, « au pas de charge », par Emmanuel Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe, il est pour le moins singulier de retrouver l’ineffable Cohn-Bendit parmi le cercle restreint des amis et conseillers du Président. Car, pour que le plan Borloo ait une chance de réussir, il est tout aussi impératif que l’Education Nationale renoue avec les fondamentaux de l’école républicaine d’avant « 68 », une école qui donnait ses chances à chacun, quelles que soient ses origines, grâce à des instituteurs et institutrices de grande qualité et totalement investis dans leur mission.

Or, je ne vois pas comment Monsieur Cohn Bendit, qui a cassé la formidable mécanique de l’école de nos anciens, pourrait aujourd’hui être associé à sa reconstruction.

Si rendre l’école maternelle obligatoire est un premier pas qui va dans le bon sens, il est non moins urgent de donner un accès prioritaire aux crèches pour les jeunes enfants issus des milieux défavorisés.

Combien d’entre nous savent qu’un grand nombre de ces derniers sont déjà « largués », en arrivant en Cours Préparatoire (CP), faute d’avoir été confrontés aux règles élémentaires de la vie sociale et aux premiers apprentissages indispensables à leur éveil et à leur épanouissement futur ?

Inutile de dire que ce vaste chantier prendra du temps avant que l’on en mesure les résultats, mais nul n’est besoin d’être grand clerc pour savoir que toute construction qui ne repose pas sur des bases solides est vouée à l’échec.

Or, c’est précisément là où le bât blesse car, pour les élus, seules les politiques « à court terme », qui produisent des effets immédiats, bien visibles, trouvent grâce à leurs yeux.

Qu’il s’agisse de la reconquête des territoires abandonnés par la République, impliquant un changement radical de politique, en termes de Police, de Justice, de transports et de services (publics/privés) ou qu’il s’agisse de reconstruire, de fond en comble, l’école républicaine, chacun voit bien que la tâche est immense et que ce n’est pas un énième plan banlieues, fût-il pertinent et de qualité, qui transformera radicalement le paysage en quelques années seulement.

Puisse ce gouvernement poser, au moins et pour une fois, les premières pierres…

Il s’agit infiniment moins d’un problème de moyens que d’un problème de volonté politique, une volonté qui transcende tous les courants : il n’est pas interdit de rêver…

 

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