Alors qu’une gauche nostalgique commémorait avec emphase les 20 ans de la mort de François Mitterrand, le 8 janvier dernier, combien se souviennent que, le 2 août 1940, le Général De Gaulle était condamné à mort par contumace par l’administration française d’occupation, celle-là même qui fut à l’origine de la débâcle de nos armées et de l’humiliation suprême qu’infligea l’Allemagne au peuple français ?…
Condamné pour « trahison, atteinte à la sûreté de l’Etat, désertion à l’étranger, sur un territoire en état de guerre et de siège… », De Gaulle fut dégradé et ses biens lui furent confisqués : dans l’abjection, les lâches ne connaissent aucune limite. Pourtant, le jeune officier qu’il était n’avait pas manqué d’attirer l’attention de sa hiérarchie sur le risque majeur que constituait la « cavalerie blindée » allemande, au regard d’une ligne Maginot qui, dans son tracé, ignorait la frontière belge et les Ardennes. Une ligne Maginot qui, soit dit en passant, avait été électrifiée par la firme allemande Siemens : la bêtise, elle non plus, ne connaît pas de limites…
Qui se souvient, qu’en septembre 1938, la cartoucherie de Caen s’était trouvée en chômage technique, faute de matières premières ? Si l’on ajoute, qu’à l’époque, il était interdit de dépasser les 40 heures de travail hebdomadaire quand les ouvriers des usines d’armement, en Allemagne, deux fois plus nombreux, alignaient jusqu’à 60 à 70 heures par semaine, on voit mal comment la France aurait pu gagner la guerre.
Le regretté Henri Amouroux, journaliste et historien, membre de l’Institut de France, n’avait pas craint d’écrire dans l’un de ses ouvrages : « Il paraît qu’en 1942, nous aurions été prêts : Hitler et la Wehrmacht n’ont pas eu la patience d’attendre !… ».
Au mois de Décembre dernier, deux députés, Nicolas Dhuicq (LR) et Nicolas Bays (PS), rendaient public un rapport parlementaire dans lequel ils se déclaraient « préoccupés par l’approvisionnement de nos armées, notamment en bombes air-sol, alors que les frappes contre Daech s’intensifiaient. Compte-tenu du fait que de nombreux pays réarment en même temps, les Etats-Unis, qui fabriquent certaines parties des bombes françaises, pourraient ne pas être en mesure de fournir l’ensemble de ses clients ». (Le Figaro-23.12.2015)
Le phénomène n’est pas nouveau : lors de la première guerre du Golfe (1990-1991), non contents de transporter nos équipements et matériels, nos amis américains, en rupture de stock, nous avaient « refilé » des missiles dont certains n’étaient pas parfaitement étanches.
Un malheur n’arrivant jamais seul, voilà que 7 de nos tous nouveaux avions A 400M de transport militaire étaient cloués au sol pour des problèmes de moteur, nous obligeant à acquérir, dans l’urgence, 4 Hercules C 130 américains pour la modique somme de 650 millions d’euros.
Dans leur rapport, les députés relevèrent que nos A 400 M n’avaient pu reprendre les airs au motif que la documentation fournie par le motoriste (SAFRAN) n’était pas à jour. (Canard Enchaîné-16.12.2015)
Dans un contexte où, jamais, les budgets consacrés à la Défense n’auront été à ce point
réduits, à la limite de la rupture, il y a vraiment de quoi être inquiet, au point de regretter l’annulation un peu précipitée de la vente des Mistral à la Russie, devenue aujourd’hui notre
alliée face à Daech : 2,2 milliards sont ainsi venus gonfler encore un peu plus notre déficit budgétaire. (Canard Enchaîné-23.9.2015)
« L’histoire ne se répète pas, elle bégaie… », aurait dit Karl Marx, un expert.
Il avait raison, au moins sur ce point, l’Allemagne étant devenue aujourd’hui notre meilleur ennemi. Ainsi, le 16 décembre dernier, le gouvernement français annonçait « avec fierté », le rapprochement entre la société nationale Nexter ((ex-GIAT Industrie) et KMW, propriété de la famille Bode-Wegmann, constructeur, entre autres, du char léopard.
Pour mémoire, le Groupement Industriel des Armements Terrestres, créé en 1971, comptait un peu plus de 18 000 salariés, au début des années 90, contre moins de 3 500, en 2006 : une illustration de plus de la gestion calamiteuse des sociétés d’Etat. Sans complexe, sans doute porté par on ne sait quel élan « patriotique européen », le couple franco-allemand Nexter, choisit d’installer son siège en Hollande, un pays au moins aussi connu pour ses tulipes que pour son climat fiscal particulièrement attractif.
Pendant ce temps-là, les entrepreneurs français qui n’ont pas la possibilité de s’expatrier, en véritables héros, continueront de supporter 35 % d’impôts, de taxes et de charges patronales de plus que leurs principaux concurrents, jusqu’à en mourir, laissant dans leur sillage des millions de chômeurs…
Quand donc la défense de l’intérêt général passera-t-elle enfin avant celle des petits intérêts particuliers et des rentes de situation jalousement gardés par une administration prête à tous les compromis, quel que soit l’occupant ?…
Est-il nécessaire de rappeler que ceux-là même qui n’eurent aucun scrupule à épingler l’étoile jaune sur la poitrine des juifs, sur ordonnance allemande du 29 mai 1942, n’en eurent pas davantage lorsqu’ils appliquèrent, avec le même zèle, les nouvelles ordonnances émises par le gouvernement provisoire du Général de Gaulle, en juin 1944 ?…
Tandis que la France enregistre un déficit budgétaire de 81 milliards d’euros, l’Allemagne comptabilise, elle, un excédent record de 12 milliards : comment peut-on continuer de faire semblant d’ignorer que seules les grandes puissances économiques sont en mesure de gagner la guerre ?…
Nos armées ont beau compter de brillants officiers et de courageux soldats, tant que la classe politique et l’administration n’auront pas remis de l’ordre dans les finances publiques, jamais elles ne seront en mesure de peser sur le destin du pays : il est vrai qu’il est plus facile d’être « Charlie » que De Gaulle…