Il existe, dans les médias comme sur le marché des capitaux, un comportement moutonnier qui veut que tous, au même moment, capitalisent et spéculent sur la même information, au point d’ignorer toutes les autres.
Ainsi, s’il n’y avait eu les élections régionales, les attentats seraient presque parvenus à nous faire oublier le chômage et la lente agonie de notre économie…
De la même manière, la déclaration de l’état d’urgence laissait accroire l’idée que les malfrats allaient voir leurs activités compromises du fait d’une présence policière et militaire exceptionnelles, sur le terrain…
La réalité est toute différente. Si la petite délinquance de voie publique en est temporairement affectée, c’est essentiellement parce que son « terrain de chasse » de prédilection, les zones touristiques et commerciales, est le même que celui visé par les terroristes et, qu’à ce titre, il est très contrôlé…
Tel n’est pas le cas de la moyenne et de la grande criminalité qui, elles, ne prolifèrent jamais autant qu’en dehors du champ des caméras et des projecteurs… Il n’y a jamais eu de trêve des confiseurs pour les dealers, les braqueurs ou les racketteurs, bien au contraire…
Ainsi, dans le prolongement des saisies colossales de stupéfiants réalisées ces derniers mois, le 17 décembre dernier, des inspecteurs de la Sûreté Départementale des Yvelines mettaient la main sur 100 kilos de cannabis dans un appartement HLM du quartier de Beauregard, à Poissy. (Le Parisien – 18.12.2015). Pendant ce temps là, une semaine plus tôt, au milieu de la nuit, six individus manifestement bien renseignés neutralisaient les vigiles chargés d’assurer la sécurité d’une plate-forme logistique de l’aéroport de Roissy : avec l’aide de l’un de ces derniers, ils chargèrent, à bord d’un camion, 15 palettes de téléphones portables, de tablettes électroniques et de parfums, entreposées au sein de la société de frêt, Panalpina. (Le Parisien – 9.12.2015).
A la même date, France 2 nous gratifiait d’un reportage édifiant sur la manière dont les entreprises de BTP étaient régulièrement rackettées, à Marseille : une pratique en vogue, depuis des lustres (pas seulement dans la cité phocéenne…), qui vise tous les secteurs de l’économie et dont on parle peu, tant la peur des représailles l’emporte trop souvent sur la volonté de la dénoncer aux autorités. Une activité fort lucrative et, au demeurant, peu risquée, qui coûterait plus de 100 millions d’euros, chaque année, au seul secteur du BTP…
Pour clore provisoirement ce chapitre, de très loin le plus nourri, il est assez éloquent de constater que même nos élus n’échappent pas à ces menaces.
Patrick Boré, Maire de La Ciotat (LR) et Président de la SEMIDEP (qui gère le chantier naval), peut en témoigner : « deux individus, le visage dissimulé sous un casque intégral, se sont introduits à son domicile, le vendredi 18 décembre au soir, tandis qu’il présidait le Conseil Municipal. Devant son épouse, les deux crapules proférèrent des menaces de mort, à l’adresse du couple, les enjoignant de prendre d’urgence, avant le 31 décembre, des décisions qui, selon leurs propres termes, cesseraient de leur ôter le pain de la bouche… ». (Sylvain Fournier – La Marseillaise-19.12.2015).
Un commencement de « signature », en quelque sorte, et néanmoins une vilaine affaire, qui ne prête pas à rire, contrairement au chantage à la « sextape » exercé par les mauvaises fréquentations de Karim Benzema, à l’encontre de son coéquipier de l’équipe de France, Mathieu Valbuena…
Si la menace terroriste doit demeurer en permanence bien présente à l’esprit, elle ne doit pas occulter une criminalité qui, elle, ne connaît jamais de trêve et qui cause à l’économie du pays des dommages considérables en même temps qu’elle remet en cause l’autorité de l’Etat.
Partout où la sécurité publique est défaillante, les entreprises doivent savoir qu’elles peuvent compter sur les professionnels de la sécurité privée, à la condition expresse de ne pas se tromper sur la qualité des prestataires…