« Wayne Simmons, expert en terrorisme et ancien de la CIA, intervenait régulièrement sur la chaîne américaine Fox News pour y distiller ses analyses, jusqu’à son arrestation pour fraudes et fausses déclarations : il s’agissait, en réalité, d’un usurpateur… » (Canard Enchaîné-21.10.2015/CNN).
Cette anecdote, à elle seule, donne un éclairage tout particulier sur l’extrême légèreté avec laquelle l’information peut, parfois, être traitée…
Chacun d’entre nous a encore en mémoire la manipulation opérée par la CIA, autour des armes de destruction massive (ADM) prétendument détenues par Saddam Hussein, et de ses liens supposés avec Al Qaïda. Colin Powel, ancien Chef d’Etat-Major des armées, devenu Secrétaire d’Etat, raconta dans un livre (« Jai eu de la chance… », chez Odile Jacob) comment la Centrale américaine de renseignement l’avait trompé, sur la base d’informations non fondées venues d’Allemagne. Pour l’anecdote, le 3 octobre dernier, décédait d’une crise cardiaque, Ahmed Chalabi, le véritable instigateur de cette fable : après avoir quitté l’Irak en 1956, il avait émigré aux Etats-Unis où, à la tête du Congrès National Irakien, il milita en faveur du renversement de Saddam Hussein. Il n’était donc pas surprenant de le voir débarquer avec l’armée américaine, en 2003, à Bagdad, où il fut « bombardé » au poste éminemment stratégique de Ministre du pétrole… (Le Figaro-4.11.2015).
Contrairement à Colin Powel, Tony Blair confessa, quant à lui, qu’il avait été mis dans la confidence, peu de temps avant le début du conflit, de la non-existence des ADM et que c’est donc, en connaissance de cause, qu’il s’était engagé aux côtés des Etats-Unis, dans une « guerre préventive », unique en son genre…
En matière de politique internationale, la désinformation et la manipulation font partie intégrante de ce que l’on appelle communément aujourd’hui « l’infoguerre ».
Ainsi, lorsqu’en pleines négociations sur le conflit syrien, à Vienne, le 30 octobre dernier, certains médias relaient l’information selon laquelle Thomas Fabius, fils de Laurent Fabius, est visé par un mandat d’arrêt émis par un procureur américain du Comté de Clark (Nevada), il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’il s’agit là d’une « mauvaise manière » faite à notre Ministre des Affaires Etrangères, en réponse à ses violentes charges contre Bachar el-Assad et son allié l’Iran, arbitres incontournables, dans la région…
De la même manière, les spéculations qui entourent bon nombre d’attentats doivent nous inviter à la plus grande circonspection, tant il est facile ou bien commode de se laisser manipuler. Et si leurs auteurs finissent, le plus souvent, par être identifiés et arrêtés (quand ils n’ont pas été exécutés…), il est rare que les « donneurs d’ordres » soient formellement démasqués : or ce n’est pas tant celui qui a commis le crime que celui qui a armé son bras qu’il importe de confondre…
Cette guerre de l’information est également au centre de toutes les grandes batailles commerciales : les « tirs d’artillerie » émanent généralement d’associations des droits de l’homme (armement,…) ou de protection de l’environnement (nucléaire, pétrole, chimie,…) tandis que, dans l’ombre, des cabinets spécialisés s’ingénient à « décortiquer » les offres concurrentes, les montages financiers et à identifier les acteurs susceptibles de faire l’objet de pressions de tous ordres…
A côté, la rencontre « bidonnée » entre François Hollande et « Lucette », cette brave
retraitée de Vandoeuvre-lès-Nancy, paraît bien dérisoire. Alors que l’entretien avait été « vendu » à l’opinion comme totalement improvisé, en réalité, tout avait été soigneusement mis en scène jusque dans les moindres détails (BFM-TV-30.10.2015).
Grotesque et affligeant, pour les responsables de la communication élyséenne, lesquels ne peuvent ignorer que tout finit par se savoir, a fortiori lorsque les « ficelles » sont à ce point grossières…
A l’ère du « web 2.O », les « gourous » de l’information et de la communication politiques, en France, auraient bien besoin de réaliser que nous avons changé de siècle et, qu’en cette matière comme dans bien d’autres, il y a urgence à réformer le système…