Qu’elle était belle cette image d’une France unie et solidaire défilant, les 10 et 11 janvier 2015, sous la bannière « Nous sommes tous Charlie ». Ces manifestations, savamment orchestrées par une gauche en panne de résultats, faisaient écho aux attentats qui, les 7 et 9 janvier précédents, avaient visé, à la fois, les journalistes de Charlie-Hebdo et la communauté israélite, à travers l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes…
Qu’elle était belle cette image d’une foule bigarrée, tombant dans les bras des policiers, en hommage à leur courage et à la mort de trois des leurs…
Il n’aura pas fallu plus d’une année avant que ne craque le vernis de cet « habillage de façade », totalement improbable… Comment s’en étonner ?…
Déjà, à l’époque, parmi les 4 millions de personnes qui défilèrent, dans toute la France, nombreuses étaient celles qui n’avaient jamais lu Charlie-Hebdo et, plus nombreuses encore, celles qui n’avaient jamais trouvé ni drôles ni intelligentes les caricatures de Mahomet.
Si Charlie-Hebdo a toujours eu le « trait de crayon sélectif », pourfendant sans relâche l’ordre et la religion (catholique et musulmane, de préférence…), le journal a aussi beaucoup usé de caricatures obscènes, souvent de fort mauvais goût…
L’obscénité n’est pas réservée au seul domaine du sexe : à Charlie-Hebdo, elle affleure, en permanence, sur bon nombre de sujets sensibles, au risque de lasser ou de déclencher un phénomène de rejet…
Tel est précisément le cas de cette caricature de Stromae, « le belge le plus connu en Belgique depuis que Jacques Brel est mort, où l’on voit le chanteur, entouré de membres humains déchiquetés, s’écrier « Papa, où t’es ? », tandis qu’un bras, une jambe et un œil lui répondent en chœur : « ici, là, et là aussi… ». (Christian Delporte-Le Figaro-31.3.2016).
Quand on connaît le traumatisme, toujours bien vivant qui transpire sous le titre de la chanson de Stromae (« Papaoutai »), lui qui a perdu son père dans le génocide perpétré par les Tutsi, au Rwanda, en avril 1994, comment ne pourrait-on pas trouver « obscène », cette nouvelle caricature ?…
Est-on sûr que les enfants des journalistes tués dans l’attentat de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher auraient goûté cette plaisanterie macabre s’il s’était agi de leurs propres parents ?…
« Tout ce qui est excessif est insignifiant… », disait Talleyrand : ce peut être, aussi, révoltant… N’est-ce pas le même Talleyrand qui disait : « De nos jours (1789), il n’est pas facile de tromper longtemps. Il y a quelqu’un qui a plus d’esprit que Voltaire, plus d’esprit que Bonaparte, plus d’esprit que chacun des directeurs, que chacun des ministres passés, présent et à venir, c’est tout le monde… ».
L’homme n’était pas qu’un libéral avant l’heure, à une époque où Internet et les réseaux sociaux n’existaient pas : il avait déjà tout compris…
Or, voilà qu’au même moment, la section « Info’ com » de la CGT se lançait à son tour dans la caricature, en publiant une affiche intitulée « Stop à la violence » et sur laquelle on pouvait voir une matraque posée sur un écusson de la Police Nationale, à-même les pavés, au milieu d’une mare de sang. Cette affiche entendait dénoncer les opérations de maintien de l’ordre menées à Paris et à Montpellier, dans le cadre des manifestations contre la « Loi Travail ». Au cours de celles-ci, pas moins de 151 CRS avaient été blessés lors d’affrontements avec des bandes de « casseurs » décidés à « en découdre »… Outre le caractère outrancier revêtu par une caricature qui rappelle les fameux slogans « CRS-SS » entonnés par les « pseudo-révolutionnaires » de Mai 68, il y a quelque chose de surréaliste à voir la CGT prendre le parti de la non-violence, elle qui n’a jamais exercé son pouvoir autrement que par la force et la contrainte : les entreprises qui ont été qui régulièrement confrontées à ses « gros bras » peuvent en témoigner…
Ainsi donc, en l’espace de quelques mois seulement, les masques sont tombés et « la nature a repris ses droits », en dépit de la menace terroriste qui subsiste, aujourd’hui plus qu’hier encore…
A l’approche des élections, les anarchistes, l’extrême-gauche et les derniers grognards du communisme ont repris possession des pavés, à défaut de gagner les suffrages des français dans les urnes…
Quant aux dessinateurs rescapés des attentats de Charlie-Hebdo, ils n’ont toujours pas compris que non, les français ne sont pas tous Charlie, loin s’en faut. Qui se souvient que, la veille du drame, le journal était au bord de la faillite ?… N’était-ce pas là, déjà, le signe que leurs blagues de potaches ne faisaient plus recette ?…
Et qu’importe si le journal est aujourd’hui placé sous « perfusion financière » et si ses acteurs, « anti-système » et « anti-flics », jouissent gratuitement et depuis bien longtemps de la protection dudit système et de sa police : peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse…