Ce lundi 5 octobre 2015, une compagnie de CRS (entre 120 et 150 hommes, avec les officiers…), s’est révélée totalement impuissante face aux violences physiques exercées à l’encontre des membres de la Direction d’Air France et des agents de sécurité en charge de leur protection. Il était pourtant parfaitement prévisible que la réunion du CCE de la Compagnie allait se dérouler dans un climat particulièrement tendu. Etait-ce une volonté délibérée du gouvernement d’éviter la provocation en « montrant ses muscles » ou un problème d’effectifs lié à la surcharge occasionnée par Vigipirate ? Etait-ce, au contraire, un savant calcul destiné à discréditer les opposants au plan social afin de les obliger à reprendre les négociations ?… On ne le saura sans doute jamais…
Bilan : cinq membres de la Direction d’AIR France blessés ainsi que deux agents de sécurité (dont un dans le coma…) et, par-dessus tout, une image exécrable de la Compagnie et du fameux dialogue social « à la française »…
De qui se moque-t-on ?…
Le dialogue, par définition, en appelle au respect mutuel, à l’écoute, à la raison, à l’objectivité et à la sagesse. Or, personne n’a jamais rien perçu de tout cela dans les échanges qui, depuis la Libération, opposent les fameux « partenaires sociaux », syndicats patronaux et syndicats représentant les salariés.
Comment peut-on feindre encore de s’en étonner quand nul n’ignore que le discours de la CGT est toujours aligné sur celui d’un Parti Communiste qui n’a toujours pas fait sa mue, que celui de FO, sous la férule de Jean-Claude Mailly, est très largement inspiré de la dialectique trotskiste et que celui de Sud-Solidaires, relève de la mouvance radicale « anarcho-révolutionnaire ». Quant à la CFDT, à chaque fois qu’elle a tenté de faire évoluer le « dialogue social », ses concurrents lui sont tombés dessus, à bras raccourcis, qualifiant ses dirigeants de « sociaux-traîtres ».
Qui se souvient de cette manifestation de fonctionnaires du jeudi 17 octobre 1996 qui vit Nicole Notat se faire violemment agresser physiquement (coups de poings, jets de projectiles…) et copieusement injurier par un groupe d’anarchistes et de militants trotskistes du Parti des Travailleurs, en des termes particulièrement choisis : « Salope ! On aura ta peau… Collabo ! Tondez-la… ».
Le crime de la Secrétaire générale de la CFDT était, il est vrai, impardonnable : elle avait osé soutenir le Premier Ministre de l’époque, Alain Juppé, dans sa volonté de réformer notre système de retraite, un système qui, à l’époque déjà, prenait l’eau…
Tout comme AIR France qui ne cessait d’accumuler les grèves et les pertes, aux frais des contribuables (l’Etat est actionnaire à hauteur de 17,6 %) et des salariés de la Compagnie (6,6 % du capital).
Depuis Bernard Attali et Christian Blanc, tous les Présidents de la Compagnie, lâchement abandonnés en rase campagne par les gouvernements successifs, de gauche comme de droite, ont été contraints de céder, sous la menace et le chantage permanents, aux revendications d’une poignée d’intégristes qui ne représentent qu’eux-mêmes…
Transports (aérien, maritime, terrestre), énergie (pétrole, gaz, électricité,…), il n’est pas un secteur qui soit épargné par les violences et les blocages d’une infime minorité.
Et c’est ainsi que « l’exception sociale française » n’en finit pas de ruiner son économie et son image, pour le plus grand bénéfice de ses concurrents.
Tandis que les investisseurs étrangers boudent la France, atterrés par son modèle social, voilà des années que ses forces vives, sa jeunesse et ses talents s’enfuient vers des terres autrement plus hospitalières. Humiliation suprême, même les migrants qui, aujourd’hui, se bousculent à nos frontières, n’ont pas d’autre aspiration que je rejoindre, au péril de leur vie, l’Angleterre ou l’Allemagne : chez nos voisins, le « droit au travail » est autrement plus attractif que le « droit du travail » français, gravé dans le marbre des imprimeries du Parti Communiste.
Olivier Duhamel, ancien député européen (PS), spécialiste du droit constitutionnel, n’avait pas fait d’autre constat lorsqu’il déclara, le 11 mai 2005, dans la Tribune de Genève : « J’ai l’impression de vivre dans un pays en voie de régression bolchevique. Il n’est pas jusqu’au Président de la République (Jacques Chirac) qui ne tienne un discours du type Laguiller (Lutte Ouvrière)… ».
Le 4 février 1945, à la Conférence de Yalta, en Crimée, la France n’était pas sur la photo. Lors de la conférence qui mettra un terme au prochain conflit mondial, elle n’y figurera toujours pas. En revanche, on peut aisément se convaincre que l’Allemagne y sera à nouveau invitée mais, cette fois, du côté des vainqueurs…