Après Bernard Attali, Christian Blanc, Jean-Cyril Spinetta et Pierre-Henri Gourgeon, il était écrit d’avance qu’Alexandre de Juniac finirait par « jeter l’éponge »…
Pourtant, grâce à un prix du pétrole au plus bas et une restructuration courageuse, le nouveau PDG était parvenu, enfin, à redresser les comptes de la Compagnie. C’était compter sans le refus des syndicats de pilotes de s’inscrire dans le nouveau cadre imposé par la concurrence des compagnies « low-costs » qui, elles, savent surfer à la perfection sur les tares majeures qui frappent notre système social, à savoir : des charges beaucoup trop élevées, un déficit considérable, en termes d’heures travaillées, et une absence totale de flexibilité, au niveau de notre code du travail…
Ryanair (Irlande), Easy Jet (Grande-Bretagne), Transavia (Hollande) ou encore, Norwegian (Norvège), l’ont compris depuis bien longtemps, qui ne cessent de conquérir des parts de marché dans le transport aérien, quelles que soient les distances et les destinations…
Les syndicats d’AIR-France, comme dans bon nombre d’entreprises d’Etat françaises qui furent beaucoup trop longtemps protégées par leur situation de monopole, continuent de faire comme si le monde n’avait pas changé et, avec lui, le comportement de clients fatigués d’être pris pour des « pigeons »…
L’affaire, ultra-médiatisée, de la réunion mouvementée du CCE du 5 octobre 2015, qui vit Xavier Broseta, le DRH de la Compagnie, livré à une « meute de loups », prendre la fuite, la chemise arrachée, est l’une des illustrations pitoyables de ces combats d’arrière-garde, « moyen-âgeux », menés par la CGT… Le scandale, c’est que quatre salariés reconnus coupables de ce « lynchage », licenciés pour faute lourde, retrouvèrent immédiatement un emploi chez Riccobono, imprimeur « incontournable » de la majorité des périodiques hexagonaux et fief du Syndicat du Livre-CGT, un syndicat qui règne en maître sur la « liberté de la Presse » : défense de rire…
Et pour couronner le tout, tout laisse à penser que ces quatre malfrats pourraient fort bien être réintégrés, au lendemain du procès qu’ils ont intenté contre AIR-FRANCE, au Tribunal des Prud’hommes, et dont l’audience se tiendra le 27 mai prochain…
Alexandre de Juniac a eu bien raison de démissionner et de faire le choix de s’expatrier, en allant exercer ses talents au sein de la toute puissante Association Internationale du Transport Aérien (IATA), basée à Montréal et disposant d’une « antenne », à Genève : avec 1 million d’euros de salaire, quasiment net d’impôts et de taxes (Canard Enchaîné-13.4.2016), ce nouvel « exilé fiscal » contraint découvrira enfin les joies d’une organisation qui ignore jusqu’à l’existence de la CGT et qui est totalement indifférente aux pressions exercées par l’administration française. Les américains, qui y règnent en maître, disposent de tous les moyens de rétorsion à l’égard des nations qui ne respectent pas le jeu de la concurrence : tel est le privilège dévolu aux grandes puissances économiques…
Le futur PDG d’AIR-FRANCE, nouveau martyre du dialogue social « à la française », sait ce qui l’attend : car ce n’est certainement pas le départ d’Alexandre de Juniac qui conduira à une remise en cause de la capacité de nuisance de syndicats nullement représentatifs.
676 623 : tel était le chiffre « officiel » de salariés syndiqués à la CGT (dont plus de 100 000 retraités…) en 2014, pour l’essentiel dans les entreprises publiques… Comparé aux 28 millions d’actifs, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce chiffre ne pèse pas lourd.
Pourtant, en dépit de cette absence de légitimité, nos dirigeants, de gauche comme de droite, n’ont jamais cessé de protéger leurs délégués et de garantir à leurs « patrons » de confortables reconversions, aux frais du contribuable.
Ainsi, après Stéphane Lardy, responsable syndical F.O (autre syndicat sectaire…), « recasé » à l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), voilà que le gouvernement s’apprête à « bombarder » Thierry Lepaon, l’ancien secrétaire général de la CGT, à la tête de l’Agence Nationale de lutte contre l’illettrisme (si, si, ça existe…).
Vraiment, on se demande bien pourquoi d’aucuns s’étonnent encore que ni le chômage ni l’analphabétisation ne reculent dans un pays qui, à l’inverse, cloue au pilori ses entrepreneurs : cherchez l’erreur…
Mieux vaut pactiser avec le diable plutôt que de l’affronter, c’est tellement plus confortable…
En France, nos gestionnaires publics sont frappés de deux syndromes majeurs, empruntés à « Munich » et à « Stockholm » : pour notre malheur, leur guérison n’est pas pour demain…