« Au premier semestre 2015, 139 000 accidents industriels ont été enregistrés en Chine, causant 26 000 morts ». (Paris-Match – 20.08.2015).
La Chine nous avait habitués, depuis longtemps, à des explosions en série dans ses mines de charbon, première ressource énergétique du pays, avec, à la clé, plusieurs milliers de morts, chaque année.
Ces catastrophes, parfaitement prévisibles, ont toutes en commun les mêmes causes : absence de règles de sécurité, dirigeants irresponsables, corruption endémique au niveau des cadres du parti communiste local…
La double explosion qui, le 12 août dernier, a défiguré le port de Tianjin, à 170 kms de Pékin, n’échappe pas à la règle.
Bilan officiel : près de 200 morts, plus de 700 blessés, 70 disparus, des milliers de voitures carbonisées et un enchevêtrement indescriptible de conteneurs éventrés. A cette occasion, on découvrit que l’entrepôt, à l’origine du sinistre, stockait rien moins que 700 tonnes de cyanure de sodium, une substance qui, au contact de l’eau, peut dégager un gaz mortel.
C’est donc un véritable miracle qu’il n’y ait pas eu davantage de victimes, à l’image de la catastrophe de Bhopal, en Inde, le 02 décembre 1984 (entre 16 000 et 30 000 morts, plus de 200 000 blessés …).
Si la Chine se trouve régulièrement sur le banc des accusés, en matière de gestion des risques industriels, n’oublions pas qu’aucune entreprise n’est à l’abri de ce type d’accidents : les explosions de l’usine S.E Fireworks, au Pays-Bas, le 13 mai 2000 (20 morts, un millier de blessés), celle de la centrale thermique au gaz de Teesside, en Angleterre, le 9 août 2000, ou d’AZF, en France, le 21 septembre 2001 (31 morts, 2000 blessés), sont là pour nous rappeler qu’en matière de sécurité, la routine et la force de l’habitude finissent toujours par avoir raison de toutes les règles, aussi élaborées soient-elles.
Quand, de surcroît, la corruption, la malveillance ou, plus grave, le terrorisme s’invitent dans le débat, alors tout est à craindre…
Au-delà du risque pénal visant les dirigeants et les indemnités colossales réclamées par les victimes et leurs familles, c’est aussi le risque d’image des entreprises qui est en jeu, tout autant que le montant de leur capitalisation boursière…