Il existe trois grandes catégories de journalistes :
- ceux qui commentent, sans prendre le moindre risque, « les trains qui arrivent à l’heure » et qui relaient invariablement la parole publique, en prenant bien soin de ne jamais déplaire
- ceux qui, beaucoup plus rares, s’opposent et dénoncent les dysfonctionnements de la société, d’où qu’ils viennent
- ceux qui n’hésitent pas à rendre compte, au péril de leur vie, de la folie meurtrière des nouveaux totalitarismes.
Selon le macabre bilan annuel de Reporters Sans Frontières, 67 journalistes auraient été tués dans le monde, en 2015, voire 110 si l’on y inclut les « morts suspectes »…
Parmi ceux-ci, il convient de saluer tout particulièrement le courage des journalistes féminins.
Tel est le cas de Ruquia Hassan, syrienne d’origine kurde, qui « avait fait le choix de demeurer à Raqqa pour combattre Daech, avec tout ce qui lui restait : les mots et un bâton de rouge à lèvres…Vraisemblablement arrêtée au mois d’août 2015, elle aurait été exécutée au mois d’octobre de la même année… » (Delphine Minoui-Istanbul-Figaro du 7.1.2016)
Tel est le cas, également, de Serena Shim, journaliste américano-libanaise, dont le véhicule fut violemment percuté par un poids lourd, le 19 octobre 2014, à la frontière turco-syrienne…
Ou encore, celui de Leïla Alaoui, photographe franco-marocaine, décédée des suites de ses blessures, au lendemain de l’attentat commis par le groupe islamiste Al-Mourabitoune, à Ouagadougou, le 18 janvier dernier.
S’il est impossible de les citer toutes, nul ne saurait oublier l’attentat qui visa, le 25 septembre 2005, May Chidiac, journaliste de la télévision libanaise, connue pour ses positions anti-syriennes. Suite à l’explosion d’une bombe placée sous le siège de sa voiture, elle survécut après avoir été amputée de la main et de la jambe gauches, sans que cela entama en quoi que ce soit sa détermination.
Un peu partout dans le monde, ce sont souvent les femmes qui osent braver les pouvoirs les plus totalitaires : comment ne pas leur rendre hommage ?…