Chères lectrices, chers lecteurs,
quel spectacle affligeant que celui qui nous a été donné d’un Président en exercice, copieusement sifflé et traité de tous les noms d’oiseaux par des éleveurs à bout de nerfs, au Salon de l’Agriculture… Si François Hollande n’avait pas été solidement encadré par une cohorte de gardes du corps, de policiers en civil et de CRS, à profusion, on n’ose imaginer ce qui aurait pu se passer…
Le 16 novembre 2015, le Président de la République s’exprimait devant les députés et sénateurs réunis en Congrès, à Versailles, au lendemain des attentats qui, à Paris, avaient fait 129 morts et conduit à décréter un deuil national de trois jours. Ce n’est pas faire offense aux victimes du terrorisme et à leurs familles que de rappeler ici que, un mois auparavant, le 11 octobre 2015, un maraîcher du Morbihan, Jacques Jeffredo, avait érigé pas moins de 600 croix blanches sur le parvis de la basilique de Sainte-Anne d’Aurey, haut-lieu de pèlerinage, près de Vannes. Il s’agissait là d’un hommage tout personnel rendu aux 600 agriculteurs qui s’étaient donné la mort, dans l’année, soit l’équivalent du crash ou de l’explosion en vol de 4 Airbus. Par la même occasion, notre maraîcher entendait faire du 11 octobre 2015, une Journée nationale dédiée au suicide dans le monde agricole, troisième cause de mortalité après les cancers et les maladies cardio-vasculaires… (Le Figaro-11.10.2015).
Curieusement, contrairement à leur habitude, ni le Président de la République, ni aucun membre du gouvernement ne se sont précipités aux obsèques de ces victimes de la guerre économique et de la gestion calamiteuse d’un Etat qui, comme dans bien des domaines (Défense, Industrie, Services,…), n’en finit pas d’abandonner des parts de marchés à nos principaux alliés et concurrents, suite au transfert de notre souveraineté aux technocrates bruxellois et aux lobbies qui les portent…
Selon l’Insee, entre 1980 et 2013, la population agricole, en France, est passée de 8% à 3% de la population active totale, contre 36% au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. (Pierre-Antoine Delhommais- Le Point-18.02.2016). Parallèlement, le revenu net moyen, avant impôt,ne cessait de se dégrader, « culminant » aujourd’hui à 700 euros par mois pour un éleveur, alors même que 20% des exploitants vendent à perte. (Véronique Grousset-Figaro Magazine-26.02.2016)
Pour des « auto-entrepreneurs » qui travaillent pas moins de 80 heures par semaine, week-ends et jours fériés inclus, sans jamais prendre de congés, on ne peut qu’admirer la constance et le respect des institutions qu’ils ont toujours affichés, jusqu’à ces derniers mois…
A l’heure où les syndicats lycéens (UNL et Fidl) et étudiants (UNEF), incubateur traditionnel d’une gauche qui n’a toujours pas opéré sa mue, viennent de se ranger derrière les « vieux routiers » du syndicalisme le plus réactionnaire et le plus archaïque qui soit (CGT-FO-Sud), pour « tuer dans l’œuf » le projet de loi Travail de Myriam El Khomri, nos agriculteurs ont bien raison de hurler leur désespoir, par-dessus la meute, s’ils veulent être entendus : le travail, ils connaissent, eux qui n’ont jamais compris qu’il ait pu exister un Ministère du « Temps Libre », une de ces inventions grotesques de la « gauche des utopies » qu’affectionnait tant François Mitterrand : vendre du rêve est autrement plus accessible que de donner du travail et un salaire décent à chacun de nos concitoyens…
Et ce n’est certainement pas ce nouveau « gadget », le Secrétariat d’Etat à l’ « Egalité Réelle », qui viendra corriger les écarts invraisemblables de traitement auxquels sont soumis les agriculteurs…
Qu’à cela ne tienne : ils pourront toujours se rabattre sur « Agri’ écoute », une plate-forme d’appel d’urgence mise en place, en octobre 2014, par la Mutualité Sociale Agricole et dont la permanence est assurée par les associations SOS-Amitié et SOS Suicide Phénix, comme dans « Le Père Noël est une ordure », mais en beaucoup moins drôle… Sauf à suivre la voie de ces arboriculteurs et arboricultrices de Saint-Mamet (Haute-Garonne) qui, pour se faire entendre, ont choisi de poser nus, sur leur page Facebook, avec pour cache-sexes des cageots portant la mention : « Si on ne fait rien, nous allons vraiment finir à poil !… ». (France Bleu-21.02.2016)
C’est désormais une constante, dans notre pays, chaque fois que nos concitoyens sont confrontés à des tragédies, aux lieu et place de traiter les problèmes, au fond, l’Etat met en place des numéros d’appels gratuits : pour les victimes de violences et de harcèlement à caractère sexuel ou de violences conjugales, pour la maltraitance des mineurs, pour « accompagner » les victimes et les familles impactées par les attentats. Il existe même, pour faire bonne mesure, une plate-forme généraliste d’ « écoutants professionnels » (approche psychologique et juridique) « multirisques » (agression, vol, violences diverses…) qui vous « rassurent, vous informent et vous orientent, localement » vers les services idoines : de quoi se plaint-on ?…
Le 13 juillet 1967, un jeune Secrétaire d’Etat aux Affaires Sociales, du nom de Jacques Chirac, avait montré la voie en créant une toute nouvelle plate-forme spécialement dédiée aux victimes du chômage : l’ANPE… A cette époque, on croit rêver, la France comptait à peine 430 000 chômeurs (2,1% de la population active…). Son successeur, Pôle Emploi comptabilise aujourd’hui, toutes catégories confondues et territoires d’Outre-Mer inclus, environ 6 millions de victimes. Il n’y a vraiment que le Front de Gauche et les Communistes (ce qu’il en reste…) pour faire semblant de n’avoir toujours pas compris que la liberté d’entreprendre, la flexibilité de l’emploi et la diminution drastique du poids de la fonction publique étaient la seule et unique voie qui permette le retour à l’emploi et à la croissance : un gouvernement de gauche qui engage la seule réforme qui vaille, là où la droite n’avait jamais osé s’aventurer, cela mérite d’être salué…
Notre agriculture, après notre industrie, est entrain de mourir, à petit feu. Quant aux sociétés de main-d’œuvre (les services), elles ne subsistent qu’à coup de fusions et acquisitions, ruinées par des prix sans cesse tirés vers le bas, alors même que les charges sociales connaissent une inflation galopante : à quand un « Etat d’urgence » pour l’économie ?…
Ceux qui, de Mélenchon à Martine Aubry, aigris par leurs échecs successifs, soufflent en permanence sur les braises du feu de la révolte, entraînant derrière eux une jeunesse immature
et totalement inculte, portent une écrasante responsabilité dans la paupérisation de la société française tout entière…
Et si, demain, les agriculteurs se jettent dans les bras de Marine Le Pen, il ne faudra pas le leur reprocher, même s’ils savent pertinemment que « la Marine » ne détient pas la solution à leurs problèmes. Il y a à peine 3 mois, au lendemain des élections régionales, à droite comme à gauche, la classe politique avait juré, la main sur le cœur, qu’elle avait « compris le message » : personne n’était dupe… Jean-Louis Debré, dernier Président du Conseil Constitutionnel, avant de céder son fauteuil à Laurent Fabius, déclarait sur BFM-TV, le 11 février dernier : « La politique est devenue un spectacle et c’est un spectacle que je ne comprends plus… ». Un spectacle subventionné par une avalanche d’ impôts, de taxes et de charges en tous genres, qui ne fait plus recette, tant le scénario et les acteurs sont médiocres.
Mesdames, Messieurs les politiques, il est urgent de réécrire les textes et de mettre en œuvre les seules véritables réformes que le bon sens commun commande et qui permettraient enfin à la France de renouer avec la croissance et l’emploi.
Reculer sans cesse, c’est l’assurance de voir très bientôt la France tout entière dans la rue, pour le plus grand bonheur de cette extrême-gauche qui, depuis si longtemps, rêve du fameux « Grand Soir »…
En toute humilité,
Daniel REMY