Au lendemain des attentats de Paris et de Bruxelles, et alors que les combattants de l’Etat Islamique reculent en Irak et en Syrie, pour mieux « rebondir » au Sahel et au Maghreb, il est un risque chaque jour plus grand de voir des terroristes parvenir à fabriquer une « bombe sale ».
Nous savons tous, désormais, avec quelle facilité les jihadistes se jouent des frontières, à commencer par celles de la communauté européenne qui, chaque jour, laissent passer de « vrais-faux » migrants, dotés de passeports authentiques, achetés ou volés…
Comment s’en étonner quand chacun d’entre nous a pu constater qu’aucune de ces frontières n’étaient jamais parvenues à endiguer le trafic de drogue et le commerce parallèle des armes ?…
Ces trafics, qui alimentent le terrorisme, ne sont rien comparés au commerce, autrement plus inquiétant qui, depuis de nombreuses années, connaît une très nette accélération : celui des matières radioactives. Pendant longtemps attribué à des organisations criminelles, uniquement attirées par l’appât du gain, leur usage est désormais clairement envisagé, à court terme, dans le cadre d’attentats terroristes…
Deux événements récents viennent de conforter cette thèse.
Le 17 février dernier, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) annonçait le vol d’un matériau radioactif particulièrement dangereux, en novembre 2015, sur une aire de stockage de l’armée américaine, à Bassora, dans le Sud irakien. Le communiqué précisait que ce matériau pouvait être mortel, dans un délai de quelques heures à quelques jours, pour toute personne qui se serait trouvée à proximité.
C’est également fin novembre 2015 que la police belge « avait récupéré une vidéo, au domicile de l’épouse de Mohamed Bakkali, un individu soupçonné d’avoir fourni une aide logistique aux auteurs des attentats du 13 novembre, à Paris. Or, cette vidéo, d’une dizaine d’heures, était consacrée à la surveillance de la maison d’un dirigeant du Centre d’étude de l’énergie nucléaire de Mol (Belgique).
Selon les enquêteurs, les terroristes comptaient prendre en otage la famille du physicien, afin qu’il dérobe des matériaux radioactifs, dans son propre laboratoire… » (Romain Rosso-L’Express-2 mars 2016).
Dans le même hebdomadaire, Charles Haquet, Iulia Badea-Guéritée et Alla Chevelkina relatèrent comment les policiers moldaves étaient parvenus à neutraliser un « gang » constitué d’un avocat et d’un officier de police locaux avec, à leur tête, un russo-ukrainien, Alexander Agheenco, surnommé « le Colonel » : en possession de plusieurs kilos d’uranium 235, ce trio infernal s’apprêtait à livrer une partie de leur stock à un acheteur soudanais, ainsi que les plans permettant de confectionner une « bombe sale »…
Ce commerce ne date pas d’hier : au lendemain de « l’implosion » de l’URSS, fin 91, nombreux furent les officiers et techniciens russes qui vendirent, au plus offrant, tantôt de l’armement (blindés, avions de chasse, armes lourdes,…), tantôt des matière nucléaires, dérobées dans les centrales du pays.
Si, aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers la Corée du Nord, un pays qui alimente tous les trafics et jouit d’une réelle expertise en matière nucléaire, il n’en existe pas moins d’autres sources d’approvisionnement, faciles d’accès et souvent mobiles comme :
- les appareils de grammagraphie, qui permettent de mesurer la solidité d’une pile de pont ou le niveau de corrosion d’une canalisation enterrée, qui contiennent du Césium 137
- ou les anciens appareils de télégrammathérapie, encore utilisés, en médecine, pour traiter les tumeurs cancéreuses et qui recèlent du Cobalt 60.
Même si, de l’avis des experts (les vrais…), une « bombe sale » n’est pas une arme de destruction massive, il ne fait aucun doute que son emploi aurait un impact psychologique majeur sur les populations, en même temps qu’un coût économique élevé, en terme de décontamination…
Pour autant, ce type de menace, parfaitement crédible, n’est rien au regard des cyberattaques qui, à tout moment, pourraient frapper les systèmes de commande et de contrôle des armes nucléaires.
Tout récemment, Paul Quilès, polytechnicien et ancien Ministre socialiste de la Défense, relayait les craintes de l’Union interparlementaire internationale, laquelle se déclarait « particulièrement préoccupée par le lancement et la mise à feu « intempestifs » d’armes nucléaires par des pirates informatiques… » : bonjour les dégâts !…
Une autre hypothèse, soulevée par deux organisation anti-nucléaires européennes, porte sur la possibilité, à partir de systèmes malveillants introduits lors de la production ou de la maintenance des sous-marins nucléaires, de « détruire les systèmes de contrôle de tir qui gèrent le missile et l’ogive, de sorte qu’ils ne fonctionnent pas ou, du moins, pas comme prévu… ». Enfin, pour couronner le tout, les mêmes rapportaient que les ondes-radio à basse fréquence, utilisées pour communiquer avec la terre, étaient vulnérables et que nul ne pouvait exclure « un cyberespionnage, avec vol de données portant sur la conception et les modes opératoires liés aux systèmes d’armes nucléaires… » (Le Canard Enchaîné-24.2.2016).
Si d’aucuns doutaient encore de la réalité de ces menaces, le jeudi 24 mars dernier, la justice américaine inculpait deux sociétés iraniennes et sept de ses ressortissants, liés au régime de Téhéran, pour des attaques informatiques ayant visé un barrage hydraulique de l’Etat de New York, ainsi que des dizaines d’institutions financières américaines…
De son côté, l’Agence Européenne de la sécurité aérienne (EASA), homologue de la Federal Aviation Administration (FAA) américaine, s’était ingéniée à démontrer « qu’il était parfaitement possible de pénétrer, en quelques minutes, dans le système de messagerie d’un avion et d’entrer, un peu plus tard, dans son système de contrôle au sol… ». (Le Figaro-25.3. et 5.4.2016).
Afin de ne pas en « rajouter », nous éviterons soigneusement de revenir sur ces survols étranges et réguliers de nos centrales nucléaires et autres infrastructures sensibles, par des drones…
En guise de conclusion, toutefois, il nous paraît utile que vous sachiez que, selon une étude financée par l’Union Européenne, les experts du Conflict Armament Research (une ONG…) ont établi qu’aucun des ingrédients nécessaires, après assemblage, pour fabriquer des bombes improvisées n’était soumis au moindre embargo. Ainsi, 51 sociétés de 19 pays différents auraient fourni à Daech, détonateurs, composants chimiques, équipements électroniques, cordons, câbles et téléphones mobiles, indispensables pour déclencher les explosions à distance…
Parmi ces pays, on trouve : la Turquie, l’Inde, la Russie, les USA, le Japon, la Chine, le Yémen et plusieurs états européens…
Pendant ce temps-là, la coalition bombarde Daech, à grands frais (1 million d’euros le missile…), en Irak et en Syrie, pour des résultats très contestés, tandis que nos policiers courent, en tous sens, après les terroristes, sur notre sol…
Vous y comprenez quelque chose, vous ?…